Ca fait un petit moment que j'ai envie d'écrire cet article sans réussir à rassembler suffisamment mes pensées pour y parvenir (c'est dire si le sujet est "sensible" pour moi).
Cette question fait partie de celles qui aboutissent généralement sur une discussion houleuse entre les "pros" et les "antis" (au même titre que le pied nu/ferré, couvrir ou pas et autre tondre ou pas tondre). C'est le genre de "débat" (qui pour moi n'en sont pas vraiment étant donné que la plupart du temps chacun campe farouchement sur sa position ce qui rend la discussion totalement stérile) qui pullule sur les forums et les groupes de discussion équestres.
Bien évidemment, chacun est libre d'adhérer à un point de vue plutôt qu'un autre et loin de moi l'idée de convertir les hérétiques qui auraient le malheur de penser d'une manière différente. Finalement, nous ne sommes pas dans la tête de Perceval donc difficile pour nous de savoir avec précision ce qu'il aime ou pas. Néanmoins, je reste intimement convaincue que le box est une aberration pour nos chevaux car complètement contre nature.
Et si pendant des années, le bien-être équin a été un peu laissé de côté par nos amis en blouses blanches, la tendance commence à s'inverser puisque de plus en plus d'études et de recherches sont menées sur le sujet.
Commençons déjà par la source accessible à tous, je veux parler bien entendu de nos Haras Nationaux qui ont même rédigé, sur leur site, un article intitulé Logement du cheval et bien-être. Au paragraphe consacré au box, on peut lire: "Le cheval est le plus souvent logé en box individuel par mesure de commodité: la ration est individualisée, la manipulation du cheval est plus facile et plus sécurisée, le cheval reste plus propre que lorsqu'il est maintenu à l'extérieur." Bref, on nous parle de plus de "commodité" mais commodité pour qui? Pas pour le cheval, ça c'est sûr.
D'ailleurs, quelques lignes plus loin, on lit: "(...) les études ont montré que le fait de maintenir les chevaux en groupe (...) permet de limiter les comportements agressifs envers l'Homme et le développement de comportements aberrants (stéréotypies), signes de mal être." Cela voudrait dire qu'a contrario, la vie au box encouragerait les comportements agressifs et les tics et donc par extension constituerait donc un responsable du mal-être du cheval.
Si l'on s'en tient à ce que nous dit l'INRA et le Farm Animal Welfare Council, le bien-être du cheval dépend (entre autre) de la possibilité que nous lui offrons d'exprimer les comportements normaux de son espèce. Le box étant facteur de comportements agressifs et aberrants, on peut donc en déduire que c'est loin d'être un mode d'hébergement qui répond au besoin exprimé quelques lignes plus haut.
Voila déjà de quoi faire réfléchir les propriétaires dont le cheval passe 22 à 23h dans le "confort" de son box. Gardons bien à l'esprit qu'un cheval dans la nature se déplace en permanence et ne vit pas dans un nid; il n'établit pas sa résidence dans un lieu précis qu'il aménage, il se couche dans un endroit confortable et plus ou moins sécurisé à l'endroit même où il se trouve au moment où il a besoin de se reposer. Observez vos chevaux au pré, vous verrez que même dans des groupes très restreints (2 ou 3 chevaux), l'organisation est bien rodée: un ou deux chevaux se reposent pendant que les autres surveillent les alentours. Quand je prends 5 minutes pour observer mes chevaux en train de faire la sieste, je dois toujours les chercher du regard, ils ne sont jamais au même endroit.
On peut déjà limiter la casse en proposant un hébergement box/paddock à son cheval. Le degré de "limitation de la casse" dépendra de la taille du paddock, du temps passé dedans, de la qualité du paddock (herbe ou terre? vallonné ou tout plat?), du fait que ce temps soit partagé avec des copains ou pas.
Certains pays sont en avance sur notre belle France puisqu'ils ont légiféré sur ce point et exigent que la taille du box soit proportionnelle à la hauteur au garrot du cheval (Suède) ou que les chevaux soient sortis minimum 2h par jour (TOUS les jours) en paddock ou au pré (Suisse).
L'un des gros dangers du box, c'est qu'il limite vraiment beaucoup les contacts avec les congénères. C'est la même chose pour le paddock individuel. Même si le cheval a des copains en visuel, ça n'a rien à voir avec le fait de partager son espace avec un autre cheval. Ceux qui prétendent le contraire n'ont jamais pu observer vraiment des chevaux vivants en groupes. Vous seriez étonnés du nombre d'interactions qu'ils ont au quotidien. En fait, c'est même quasiment en permanence. Ils communiquent par le regard, l'attitude, la gestuelle, la voix, le toucher (ils se sentent, se gratouillent, se bousculent, se chassent...)... Alors certes, il y a des bagarres, des morsures, des coups. Parfois ça saigne un peu et notre brave cheval a l'air tout miteux. Mais je sais par expérience que ça ne dure jamais longtemps. Une fois le fonctionnement du groupe établi, ça bouge peu et les bastons sont très très rares.
Je me rappelle d'une jument PS qu'on avait dans mon club et qui était réputée pour être une vraie morue avec les autres. Lassé de s'entendre reprocher le mauvais caractère de sa jument, son propriétaire l'avait parquée au box et la sortait en paddock individuel. La jument en est devenue tellement insupportable qu'elle arrivait à peine à tolérer la présence d'autres chevaux dans la carrière quand elle travaillait. Un jour, elle a déclenché une boiterie (dont on n'a jamais trouvé l'origine soit dit en passant) et le véto a préconisé le mouvement. Nous avons été obligés de la mettre au pré avec 3 autres chevaux. Ca a bastonné 48h et après... plus rien! Une jument adorable, oreilles en avant, qui venait nous voir à l'entrée du pré. Au bout de quelques semaines, on l'a même surprise à jouer avec les autres.
Les sortir en paddock en sable ou en terre, c'est pas terrible non plus cela dit en passant. De même pour les petits paddocks (genre 1000m2). A moins qu'ils n'aient une quantité de foin suffisante pour s'occuper tout le temps où ils y sont.
Le cheval n'est pas pourvu d'une vésicule biliaire comme nous pouvons avoir. Le rôle de la vésicule est de stocker la bile. Pour resituer la chose, la bile c'est ce truc horriblement acide qui te brûle la gorge et l'estomac quand tu dégueules tes tripes, que ton estomac est tout vide mais que tu vomis encore malgré tout. C'est vraiment pas un truc agréable quoi.
La vésicule permet de stocker la bile pour la délivrer uniquement quand il y en a besoin donc quand il y a quelque chose dans l'estomac.
Chez le cheval (qui n'a pas de vésicule donc), la digestion se fait en continu. Quand il n'y a plus rien dans l'estomac, le processus de digestion se fait encore ce qui fait qu'il peut très vite y avoir un fort taux d'acidité dans l'estomac. Et trop d'acidité dans l'estomac c'est à court terme du mal-être, à moyen terme des ulcères et à long terme du stress. Il me semble (mais impossible de retrouver l'étude) qu'au bout de 2h sans avoir grignoter, le niveau d'acidité de l'estomac du cheval est déjà à un niveau critique.
Sans anthropomorphisme aucun, imaginez-vous être dehors à profiter de votre jardin mais avec d'horribles aigreurs et douleurs à l'estomac. Vous arriveriez à profiter du temps passé dehors? J'imagine que pour le cheval dans un paddock en sable sans foin c'est pareil...
Il serait bien présomptueux que de prétendre savoir exactement ce dont a besoin un cheval. Cependant, la vie au box ne semble vraiment pas répondre à ses besoins de base: il limite les déplacements et les interactions sociales. Le paddock est à double tranchant: assez vaste, avec une nourriture adaptée (herbe ou foin) et partagé avec des copains, il peut être un bon moyen de palier aux déficiences du box (à condition qu'on laisse les chevaux y passer suffisamment de temps). Mais s'il n'est pas adapté, il ne constituera jamais plus que le prolongement du box.
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